Ouvrez – Nathalie Sarraute

Avec “Ouvrez” (1997) de Nathalie Sarraute, on est très loin du roman traditionnel avec ses personnages, son et ses intrigues, ses rebondissements. “Ouvrez” est donc dans le ligne qu’elle s’est tracée tout au long de sa carrière littéraire. D’ailleurs pourquoi mettre en scène des personnages quand les mots se suffisent à eux seuls ? Cette personnification des mots est d’ailleurs surprenante et prenante.
Difficile d’en faire un résumé, aussi vous en saurez plus en lisant ci-dessous la quatrième de couverture et un extrait.
A la première lecture j’avoue avoir été plutôt désorienté et sans grande envie de poursuivre jusqu’au bout ce petit opus. Mais à la seconde ce n’était plus du tout la même chose, je me suis pris au jeu et l’ai dévoré ! Et si la première fois j’étais heureux d’avoir lu l’ultime phrase, la seconde je me suis retrouvé en manque. C’est une lecture que je vous conseille en vous prévenant, au cas où, de ne pas hésiter à prendre votre temps pour le lire et surtout à le relire, et surtout d’avoir l’esprit disponible. Ce n’est pas une lecture récréative.

Quatrième de couverture

« Des mots, des êtres vivants parfaitement autonomes, sont les protagonistes de chacun de ces drames.Dès que viennent des mots du dehors, une paroi est dressée. Seuls les mots capables de recevoir convenablement les visiteurs restent de ce côté. Tous les autres s’en vont et sont pour plus de sûreté enfermés derrière la paroi. Mais la paroi est transparente et les exclus observent à travers elle.Par moments, ce qu’ils voient leur donne envie d’intervenir, ils n’y tiennent plus, ils appellent… Ouvrez. »

Extrait

— Oh, « Tu n’as qu’à », ne joue pas les innocents… Qu’as-tu fait de ton « u », de ton « n » ?
— Eh bien oui, ils me gênaient… collés à moi… J’ai voulu me sentir plus à l’aise…
— Plus à l’aise… « u » et « n » te gênaient… voyez-vous ça… Alors tu sais de quoi tu as l’air maintenant ?
— Non, de quoi ?
— Tu as l’air d’un « Taka », tu t’en rends compte ?…
— D’un « Taka », c’est amusant…
— Amusant d’être un « Taka » ? Mais tu ne sens pas combien « Taka » est laid, vulgaire ?
— Non, moi « Taka » ne me choque pas… mais pas du tout… Taka… Taka… Ça a un petit air exotique… Taka… Taka… ce nom, plus je le répète, plus il me plaît.

Biographie

Née en Russie en 1900, Natacha Tcherniak est issue d’une famille juive bourgeoise et cultivée. Après des études à la faculté de droit de Paris, avocate elle épousera Raymond Sarraute en 1925. Elle plaidera jusqu’à sa radiation du barreau en 1940 par application des lois anti-juifs de Vichy.
Son œuvre est marqué par une extrême sensibilité aux langages, sans doute du fait de son éducation où si le russe est de règle à la maison, le français règne en maître à l’école, ainsi qu’à une enfance à cheval entre Russie et France suite au divorce de ses parents. En 1939, dans une relative indifférence, parait “Tropismes” un recueil de textes courts commencés en 1932. Ce n’est qu’avec “L’Ere du soupçon” en 1956 qu’elle s’impose comme un écrivain majeur.
C’est en 1999 à Paris que Nathalie Sarraute s’est éteinte.

Nathalie-Sarraute-4

Portrait photographique de Nathalie Sarraute réalisé à Paris en 1987 par Marc TRIVIER, un photographe belge né en 1960 et célèbre pour ses scènes d’abattoirs et ses portraits d’artistes.

Pour en savoir plus -> Marc Triver et sa page Facebook

 

3 Commentaires
  1. 3 avril 2014
    • 3 avril 2014
  2. 3 avril 2014

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