Dunkerque, un Carnaval hors du commun – I

Deux mois et demi de carnaval, il n’y a qu’à Dunkerque que l’on voit ça ! Et pendant ce quasi trimestre les carnavaleux se retrouvent et toutes les barrières sociales sautent le temps de la fête, âge, travail, la classe sociale n’ont aucune importance dans la Bande. On se fait des zôt’ches (baisers) à tous et à chacun car tous appartiennent à la même grande famille. Mais dans cette folie le respect de la tradition, la connaissance des chansons et des « règles » pour trouver progressivement son costume, sa place dans la bande sont intangibles. C’est un carnaval qui n’existe nulle part ailleurs, pas question d’être spectateur, il n’y a pas d’un côté ceux qui défilent et de l’autre, ceux qui regardent, tout le monde participe.

La Charte du Carnaval

A carnaval, on est là pour s’amuser,
Au carna, on vient pas pour casser,
À Dunkerque, on a envie de faire la fête,
Nous n’avons qu’une seule idée en tête,
Conjuguer passion et tradition
Avec respect et société.

Tous les carnavaleux naissent libres et égaux,
Mais doivent attendre d’être grands pour aller devant,
La chapelle est un lieu sacré,
Qui doit être respecté.
Apprends les chansons
et chante en chœur.
Marche quand les fifres jouent
Au lieu de pousser comme un fou.

Et quand les cuivres et les tambours résonneront
Tous ensemble nous chahuterons,
Le carnaval : dans les chahuts, devant la musique,
derrière la bande
Sur les côtés, dans les cafés,
mais jamais entre la première ligne
et les
musiciens en cirés, batche rayée.

Quoi qu’on dise, carnaval a ses règles,
Il faut les respecter,
Si tu veux que carnaval se passe bien,
Prends-toi en main, gamin !

Origines :

Le carnaval de Dunkerque remonte au début du XVII siècle. Il marquait le départ pour l’Islande des marins-pêcheurs pour 6 mois de pêche à la morue. Les armateurs offraient aux marins un repas et une fête (la « Foye »), ainsi que la moitié de leur solde qui devait permettre aux femmes et enfants de survivre jusqu’à leur hypothétique retour. Nombre d’entre eux ne revenaient jamais, noyés ou perdus en mer suite aux accidents ou naufrages. C’est dans cette fête qu’est né la « Visshersbende » (bande des pêcheurs en flamand). Cette fête se déroulait à l’origine entre le lundi gras et le mercredi des cendres marquant le début du Carême, ce qu’on appelle les 3 joyeuses. Le premier document officiel parlant de ces festivités est une ordonnance du Magistrat datée du 16 janvier 1676 qui réglementait les festivités.

Vers la fin du XVIIIe siècle, les armateurs commencent à se désengager vis-à-vis de cette coutume et les marins profitent alors du temps du carnaval pour anticiper leurs journées festives et transformer le « Foye » en un carnaval qui sera très vite l’un des plus original de France..

Il faut rappeler que la ville de Dunkerque n’est devenue définitivement française qu’en 1662 sous Louis XIV. C’est une ordonnance royale qui imposa peu à peu l’usage du français. Mais l’attachement aux traditions fait que de nombreux Dunkerquois continuèrent à parler le flamand,- et non le ch’ti (picard) comme cela est dit dans le film « Bienvenue chez les ch’tis » – raison pour laquelle on retrouve encore beaucoup de termes flamands dans la tradition carnavalesque de la ville, que ce soit dans les chansons ou dans le noms des sociétés carnavalesque tels les Kakernesches (les plus jeunes des enfants), les Snustreraers (les fouines) ou encore la visscherbende.

A suivre …


3 Commentaires
  1. 12 février 2011
  2. 12 février 2011
  3. 12 février 2011

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